GATCHAMAN - GOD PHOENIX - UNIFIVE

Acheter de beaux jouets, c’est pas simple. D’une part parce que, souvent, ils sont difficilement trouvables (moins quand même grâce au Net mais tout de même, il faut faire vite à cause de la quantité toujours très limité), mais surtout parce qu’ils sont chers. Mettre une centaine d’euros, voire plus, dans un jouet, ça me chiffonnera toujours quelque part. C’est quand même une somme. Ce n’est pas une question d’être radin mais ma priorité ira toujours au vital plutôt qu’à la futilité, et quand je dis « vital », je pense aux factures, loyer et la bouffe. Jamais je ne contracterai de crédit pour me payer des conneries. Je préfère m’en passer. Je ne suis pas un endetté à la con qui privilégie les loisirs avant le reste et qui vient chialer ensuite qu’il n’y arrive plus.
Je suis tout de même assez admiratif devant certains collectionneurs qui claquent régulièrement des smic entiers en statues en résine et autres goodies de la mort. Sont-ils pleins aux as ? Ou alors mettent-ils vraiment tout leur fric là-dedans en sacrifiant le reste ? Mangent-ils des nouilles toute l’année ? Vous me direz, je suis prudent avec mon budget, et pourtant, des nouilles, j’en bouffe assez régulièrement…
Avant de monter ce blog, et donc de ne plus payer, ou presque mes jouets, il m’est quand même arrivé d’investir. Quelques fois. Parce que j’avais le blé, parce que j’en avais envie, et puis merde ! On ne vit qu’une fois ! Enfin j’espère…
L’année 2003 fut marquée pour moi par l’une de ces folies, avec le God Phoenix de Gatchaman.

On parle de la dictature de l’audimat de nos jours, mais ça a toujours été. En 1978/79, Récré A2 faisait 100% d’audimat auprès de la jeunesse avec Goldorak. Lorsque le robot de l’espace pointait ses cornes jaunes dans la lucarne des écrans de l’époque, souvent noir et blanc, il n’y avait plus aucun gosse dans les rues. Les parties de foot improvisées dans la rue se finissaient illico et l’on courait très vite à la sortie de l’école pour rentrer chez soi afin de ne manquer aucune miette de l’épisode de la semaine. Je me rappelle que je ne vivais que pour cet épisode. Une semaine à attendre à peine 20mn…
TF1, en face, l’avait plutôt mauvaise et se retrouvait avec ses stocks de dessins animés pourris made in Hanna-Barbera maintes fois rediffusés depuis déjà des années et qu’aucun gamin ne voulait plus revoir à cause de ça. Les Fous Du Volant, Scoubidou, les Jetsons, Capitaine Caverne… C’était atroce ! Je peux dire que Goldorak m’a sauvé de ces nazeries.
Pour TF1, il fallait agir et c’est ce qu’ils firent en achetant quelques séries japonaises eux aussi. C’est comme ça que les mômes de ma génération découvrirent, dans Croque-Vacances ou les Visiteurs Du Mercredi, Capitaine Flam et La Bataille Des Planètes.




La Bataille Des Planètes, Gatchaman en vo, fut pendant longtemps un souvenir profondément enfoui pour moi. En effet, la série ne fut jamais rediffusée en France par la suite, alors qu’elle squatte le câble américain depuis plus de trente ans. Cela resta donc dans ma mémoire comme quelque chose de vague mais étiqueté « cool ». C’était le gamin qui n’avait jamais rien vu auparavant qui disait ça. Et puis surtout, ça restait l'un des meilleurs génériques français pour moi. Mais qu’allait en penser l’adulte blasé que j'étais devenu ? Pour cela, il fallait que le phénomène des trentenaires nostalgiques, rapidement récupéré par le marketing, passe par là. En 2007, je me suis offert l’intégral en DVD de La Bataille Des Planètes. Il était déjà soldé. On le trouve à moitié prix désormais. En cherchant un peu, on peut repartir avec les deux coffrets à moins de 15€.
Une fois reçu, je me suis jeté dessus. Désossage du colis, arrachage du scotch, épluchage du blister, enfournage du premier DVD dans la platine. Image. Et là, grosse claque ! Mes yeux me firent voir ce qu’était réellement La Bataille Des Planètes, et avait toujours été. A savoir, une série atroce, mal dessinée et animée, mais également massacrée par les Américains avec des tas de censures, des coupes à la hache et de rajouts totalement inopportuns (les fameux passages bavards et lourdingues de 7 Zark 7 que, déjà, je détestais étant gosse et qui se pointaient comme un cheveu sur la soupe).
Je me fis un épisode chaque soir, en semaine et en mangeant... Je regardais ça sans le voir, entendant sans écouter. C’était un fond sonore. Je dois admettre que je n’ai pas ressorti les DVD depuis. Je crois même qu’il m’en reste encore deux à voir, mais je n’y tiens pas vraiment. C’est franchement trop mauvais. La Bataille Des Planètes ne pouvait impressionner qu’un gamin de moins de 10 ans.

Toujours est-il qu’en 2003, j’avais encore un bon souvenir de cette série. Et même maintenant, j’en garde une bonne impression, âge d’or oblige. A l’époque, ce n’était pas tellement les héros, la fameuse Force G, qui me plaisaient. Ils étaient tellement cons et clichés… Marc/Ken, le chef parfait en tout. Thierry/Joe, le rival ténébreux. Princesse/Jun, la belle potiche. Kipo/Jinpei, la mascotte mongolo et Allumette/Ryu, le faire-valoir obèse. Un Club Des 5 version jap quoi… Nan, c’était pas ça qui me plaisait mais plutôt leur vaisseau, le Phénix en VF. Il était beau, un côté « avion du futur », pas trop armé certes mais misant tout sur sa vitesse, son design et surtout sur sa faculté de se transformer en oiseau de feu en poussant ses réacteurs à fond. J’adorais ce truc ! Tout l’équipage morflait sévèrement à chaque coup de « CA-LO-RI-FI-SSION ! » Avec Goldorak et toutes ses armes dont les noms étaient à chaque fois hurlés à tue-tête, il fallait au moins quelque chose pour le Phénix. Ce vaisseau, c’était vraiment ce qui m’avait le plus marqué et donc, que je me souvenais le plus. L’avoir en jouet me tentait salement. Une version originale de ce vaisseau était déjà sortie un an auparavant mon achat, mais je l’avais manqué. Généreux, Unifive décida d’en retirer mais d’une couleur légèrement différente, en turquoise, au lieu du bleu ouvrier. Là, je ne l’ai pas loupée.

Vous avez remarqué que ce qu’on attend le plus met toujours beaucoup de temps à venir ? Ce sont les fameuses lois de Murphy. Dans le même style, la paie arrivera moins vite que les factures, on vous prélèvera avant de valider votre commande, c’est quand vous êtes bien assis que vous vous apercevez que la télécommande est sur le buffet etc. Là, ce fut pareil. Malgré sa vitesse phénoménale, le God Phoenix mis trois mois pour venir du Japon jusque chez moi… Faut dire que j’étais passé par un intermédiaire. Le temps qu’il le reçoive lui et qu’il me le renvoie (en éco), de l’eau coula sous les ponts.
Ce fut un samedi matin, très tôt, que le divin vaisseau daignât atterrir chez moi. La sonnette du facteur retentit encore à mes oreilles. C’est dingue de voir comme certaines choses peuvent vous sortir de votre lit en quatrième vitesse. Se lever à la bourre, la baraque qui brûle ou un colis livré contenant une gougouille que l’on attend avec impatience.
Une fois le facteur expédié, je pus apprécier la chose. Le God Phoenix est véritablement superbe. Tout en métal. Le turquoise donne un côté brillant/paillette sans trop verser dans la fanfreluche. Les lignes sont racées et une impression de vitesse et de robustesse se dégage du vaisseau, comme dans le dessin animé. Les ailes se baissent et un train d’atterrissage se déploie (manuellement). Les baies d’aération sur les côtés s’ouvrent et se referment à volonté.
Le Phénix n’est pas un couteau-suisse comme Goldorak. Il n’a presque pas d’arme. Juste un gros missile se cache sur le dessus et que l’on peut faire sortir en appuyant sur le bouton-cockpit. L’OV-Terre d’Alcor était mieux équipé…

Le souci du détail est très poussé. Comme dans l’anime, le Phénix est une sorte de parking à véhicules vu que toute la Force G a son permis… Les extrémités des deux ailes accueillent la moto de Jun et l’espèce de jeep-tank de Jinpei. L’arrière s’ouvre pour réceptionner l’avion de Ken. Quant à la formule 1 de Joe, elle prend place dans le nez du vaisseau. Ce même nez tient à un cheveu. Une fois clipé, faut pas trop le bouger. Dedans se cachent les supports télescopiques, rétractables et sortables (grâce à deux boutons poussoirs sur les côtés) servent à prendre et retenir la formule 1. Vous ne pourrez pas remettre le nez une fois la voiture fixée par contre, ce qui est un peu dommage. Un support lunaire et réglable, suivant l’inclinaison que vous voulez donner, réceptionne le vaisseau et permet son exposition.
Enfin, en guise de bonus, l’acheteur se retrouve avec en plus un « bird rang » en taille réelle. C’est l’arme qu’utilisait Ken, cette espèce de boomerang tranchant en forme d’oiseau et totalement pompé sur le batarang de Batman. Ah ces Japonais… Toujours à piquer les idées des autres. Ce bird rang est assez inutile, en gros plastique plutôt mou et grossier. Mais bon, pourquoi pas ?

Un très bel objet, bien conçu, beau et élégant. Un de mes anciens potes, pourtant pas du tout branché jouet, ne pouvait s’empêcher de le regarder avec une certaine convoitise quand il venait chez moi. Si même les profanes s’y mettent…