L’un de mes plus grands chocs cinématographiques se produisit en 1985. A l’époque, j’étais jeune, pas très beau, mais je me la jouais, comme tous les ados de 13/14 ans. Je traînais la semelle de mes baskets Nastase avec une bande de potes qui n’étaient pas des amis.
Un jour, l’un d’eux, qui était déjà bien pédant à la base, nous annonça, avec un sourire monstrueux de prétention, que ses parents venaient d’acheter un magnétoscope. Grosse frime tant la machine faisait rêver à ce moment-là. Nous étions tous issus de milieux ouvriers, allant dans des écoles publiques. Ce n’était pas Cosette mais ce n’était pas digne d’une princesse monégasque non plus. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Un magnétoscope en 1985, ça valait 8000frs en moyenne et, pour un ménage modeste, c’était une énorme somme. Les crédits pour tout et n’importe quoi n’étaient pas aussi développés que maintenant et l’on refusait encore de mettre autant d’argent dans un bidule de ce genre, préférant garder ses sous pour les vacances ou tout simplement la bagnole. Là-dessus, les Français n’ont pas trop changé.
L’annonce de ce magnétoscope fit l’effet d’une bombe dans la clique. Nous avions tous eu la même idée : nous allions pouvoir regarder des films à l’œil ou presque. Quoi de plus parasite qu’un ado ? Un étudiant ? C’est la même chose.
Les premiers temps de ce magnéto, plutôt ancien pour l’époque car à chargement dorsal et dont je finis par apprendre beaucoup plus tard qu’il n’était en réalité qu’un vieux crincrin prêté, furent héroïques. Mon pote enregistrait tout ce qui passait à la télé et empruntait toutes les K7 qu’il pouvait autour de lui. Cela nous permis de voir, entre autre, Subway, Electric Dreams, The Thing, Porky III et même un screener de Rocky IV qui triomphait à ce moment là dans les salles de cinéma. Oui, un screener en 1985 ! Comment le type avait-il bien pu passer l’entrée du cinoche vu la taille des caméscopes de l’époque ?? On n’a jamais su. Toujours est-il que l’idée de voir un film actuel sans payer nous avait salement excités. Malgré la qualité épouvantable de l’image, et les gens passant parfois devant l’écran, cela nous avait épatés.
Après avoir épuisé le filon des bons pigeons prêteurs et des programmes hertziens (ah TV6…), nous décidâmes de passer à la vitesse supérieure en louant carrément des films dans un vidéoclub du coin. Utilisant le compte d’un pote inscrit, nous nous cotisions tous pour arriver à un petit pactole nous permettant de louer un ou deux films d’un coup. On donnait ce qu’on pouvait. 2 frs par-ci, 5 frs par-là. Une pièce de 10 parfois. Nous étions souvent plus de cinq, ça allait donc assez vite. Les travailleurs gagnaient cet argent en faisant la vaisselle ou mettaient la table. Les faignants la mendiaient à leurs parents. Les malhonnêtes pillaient le portemonnaie de leur mère. J’ai fait un peu tout ça en même temps.
Une fois les sous en poche, direction le vidéoclub et son choix pharaonique. Nous nous retrouvions comme des gamins dans un magasin de bonbons qui vendait des jouets... Des tonnes de films s’offraient à nous. Et même si nous ne pouvions en prendre qu’un ou deux grand maximum, nous avions le choix et la responsabilité de ce choix. Nous nous sentions comme des rois du pétrole. Plaisirs simples.
Bien évidemment, les films que nous voulions voir étaient des films interdits à la télé. Non non, pas de cul, de toute façon, on nous l’aurait refusé étant mineurs, et puis à bien regarder, cela ne nous intéressait guère à ce moment là. Les temps ont changé. Alors que les gamins de maintenant sont overdosés de films de boules hard crades dès l’âge de 10 ans sur le Net, nous, à 13/14/15 ans, on lustrait tout juste des appareils-dentaires pour les plus chanceux. Quant aux autres, fort nombreux, ils se consolaient avec les vieux magazines de cul de leurs pères et qui paraissent bien soft de nos jours.
Non, en bons ados primaires que nous étions, nous voulions voir du sang, de la violence et, si possible, de la tripe ! Nous nous tournions donc, logiquement, vers des films d’horreurs, style qui restera une des empreintes majeures des années 80.
Arrivés en petit troupeau acnéique au vidéoclub, la même pièce se jouait encore et encore : quel film prendre ? Chacun y allait de son commentaire, toujours au conditionnel :
- Celui-ci est super « il paraît » !
- Non, celui-là est mieux « je crois » !
- Alors là, vous vous plantez complètement les mecs ! C’est celui-là qu’il faut prendre, « on m’a dit » qu’il était d’enfer !
Parfois, l’un de nous assénait un argument-massue pour imposer ses choix, comme par exemple :
- La revue Starfix le recommande !
Un jour, lassés de ces querelles dignes d’une cour de récrée, nous sommes allés au plus basique en demandant carrément à la loueuse son avis, et nous fûmes très clair :
- Nous voulons le film d’horreur le plus flippant !
Elle nous conseilla immédiatement Evil Dead de Sam Raimi. Allez, emballé, c’est pesé ! Nous payâmes notre location, 35frs je crois, et nous repartîmes avec le précieux film sous le bras vers le salon du possesseur du magnétoscope. Une fois la K7 enfournée dans la machine, puis nos culs insérés dans les canapés, la bande se déroula et le silence se fit.
Evil Dead, c’est l’histoire de cinq étudiants, trois filles et deux mecs, partant en vacances dans une maison abandonnée en plein bois. Au cours de l’installation, les garçons trouvent à la cave un vieux magnétophone ainsi que des tas d’objets tous plus bizarres les uns que les autres. En écoutant les bandes du magnétophone, ils apprennent que l’ancien proprio des lieux était une sorte d’archéologue qui avait pratiqué des fouilles dans les ruines de Kandahar et qu’il avait mis la main sur le livre des morts des Sumériens contenant des incantations permettant de réveiller des forces maléfiques. Cet archéologue les avait décryptées et les psalmodia.
Funeste erreur.
Evil Dead devint mon film d’horreur culte et le resta malgré tous ceux qui suivirent. Il traversa le temps avec moi. Au tout début des années 90, je le revis chez une amie. En 1995, enfin équipé d’un magnéto bien à moi, j’achetais la K7. En 2004, je m’offrais le coffret DVD collector, coffret que j’ai conservé lorsque j’ai revendu tous mes DVD l’an dernier. Cela montre bien le côté affectif que j’ai pour ce film.
Le Net aidant, je pus voir les deux autres Evil Dead et m’intéresser aux dessous de ces films, aux noms du réalisateur et acteurs, et en particulier celui du héros : Bruce Campbell.
Bruce Campbell est un acteur atypique. Beaucoup le considère comme un naze, même pas un has been, mais un never been. Il a fait les trois Evil Dead et puis après ça ? Quelques apparitions dans des séries télé ou films à plus ou moins gros budget (vous pouvez le voir dans les trois Spiderman de son pote Raimi dans des apparitions souvent ridicules), mais surtout, énormément de navets. Et il le sait ! Et il s’en fout ! Et il assume ! Toute cette attitude est la base même de My Name Is Bruce dont cette figurine est tirée.
My Name Is Bruce est le second film de l’ami Campbell. Il y campe son propre personnage en version plus ou moins exagérée. En effet, ici, Bruce Campbell est un acteur de films de série Z, prétentieux, alcoolique, très con, vivant dans une caravane de merde, avec un chien lui aussi alcoolo…
Un jour, il est kidnappé par un de ses fans de province qui l’emmène dans son village de ploucs afin qu’il les sauve tous d’un démon chinois… Hum… Voilà en gros le scénario plus qu’improbable de ce film.
Hélas, ce qui aurait pu être une connerie potache et totalement givrée se transforme très vite en navet EXTREMEMENT lourdingue et peu drôle. Tout le monde joue très mal, Campbell semble être sous ecstasy parfois tant il en rajoute et la plupart des gags sont bouseux et tombent à plat. On se demande ce qui se passe parfois. Je dois confesser que j’ai tout de même regardé ce « truc » avec un grand sourire sur la face. Voir Campbell se moquer de lui ainsi, mais aussi de ses fans, de l’industrie du cinéma et des ploucs ricains en général, c’est faire preuve d’un humour à toute épreuve et d’une sympathie rare. Une chose que j’avais déjà remarquée chez lui à l’écoute de son commentaire audio sur le premier Evil Dead, passant son temps à se vanner. Il ne se prend pas au sérieux.
Une copine branchée ciné l’ayant vu me disait que My Name Is Bruce était « à chier ». C’est pas faux, mais ce n’est pas vrai non plus. En fait, c’est un film que seuls les fans purs et durs de Bruce Campbell, et surtout d’Evil Dead, sauront regarder et, peut-être, apprécier tant les références sont nombreuses. Même les personnages ! On y voit Ted Raimi, le petit frère de Sam, Ellen Sandweiss, la fameuse Cheryl du premier Evil Dead etc.
Vous ne connaissez pas Evil Dead sur le bout des doigts ? Alors laissez tomber My Name Is Bruce, ce film pourrait vous dégouter à vie de Bruce Campbell et ce serait dommage.
Je fais les choses bien. Pendant que j’attendais la réception de cette pièce, j’ai topé le film My Name Is Bruce et l’ai mis de côté. Je voulais le regarder avec la figurine posée à côté de moi. Que cela soit un truc inoubliable et dans le ton du film. Je n’ai pas été déçu !
Dans son genre, cette figurine me rappelle énormément celle de Frank Black de la série Millennium.
Cette chemise immonde me rappelle un dialogue de Running Man, lorsque Schwarzy en portait une comme ça tout en forçant une nana à le suivre. Elle lui répondit que son attitude lui donnait envie de lui vomir dessus! Et lui de répliquer: "Va-y, ça ne se verra pas sur cette chemise!"
Les épaules ont chacune une pièce de métal permettant de faire tenir Bruce Angel et Bruce Devil. On voit ça plus bas.
Un exemplaire de If Chins Could Kill, l'auto-biographie de Bruce Campbell. Un livre qui existe vraiment...
Une bouteille de limonade qui ne contient pourtant pas de limonade, mais vu la couleur du liquide, vous pouvez imaginer ce que c'est... Le genre de gag qui me fera toujours rire. Je sais, je suis très scolaire...
Une des nombreuses flasques de whisky qu'il boit et de marque "Shemp's", encore un clin d'oeil à Evil Dead mais salement obscur ici. J'adore la photo de Bruce sur cette bouteille. Clan Campbell quoi!
Ce que je vous disais plus haut. Grâce aux pièces de métal sur les épaules, vous pouvez refaire la fameuse scène du film où Bruce écoute sa conscience. Un sommet de ridicule!
- Mais que vois-je là-bas? Oh, un rôle dans Evil Dead 4 pour bientôt??
Un classique de Super Shogun cette pose. Cela vous montre que la figurine est parfaitement articulée.
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