vendredi 28 septembre 2012

TIRELIRE CHATEAU DES OMBRES PIF GADGET

On a beau être communiste dans l’âme, il y a des réalités à assimiler tout de même, à savoir : pas d’argent = gros problème ! Et quand on dirige une boîte, c’est encore pire. Pif Gadget l’avait bien compris.
Durant les années 80, les ventes stagnant, voire reculant, ils se laissèrent corrompre par le capitalisme, sans doute en se justifiant qu’ils n’avaient pas le choix, en nouant des sortes de partenariats publicitaires. En gros, ils ouvraient en grand les portes de leur journal et la marque en question pouvait en profiter pour la semaine à l’aide d’un gadget « échantillon gratuit » et autres BD qui n'étaient que de la pub déguisée.
Mattel fut un client régulier de cette pratique putassière. On vit souvent la marque américaine faire sa propagande dans les pages du chien rouge, en particulier pour Big Jim, mais aussi pour les Maîtres De L’univers.

En 1983, Musclor et ses potes débarquaient en France. Avec la puissance médiatique et financière de Mattel, l'atterrissage ne passa pas inaperçu. Matraquage publicitaire à la télé, dans les périodiques, lancement du fameux Club et bourrage des rayons vendant du jouet dans tous les grands magasins. Je me rappelle de pans entiers de Musclor, Bélios et autres Triclops au Prisunic du coin en 1983/84. Même si le nombre de figurines et d’accessoires était encore très limité à ce moment-là, et que les prix n'étaient franchement pas donnés (60 balles en moyenne pour une figurine), on savait qu’on n’échapperait pas à ce truc.

Et puis, il y avait le Château Des Ombres. On le connaissait déjà tous pour l’avoir vu dans les spots de pubs et pour les veinards, quelques coups d'oeil « en vrai », furtifs mais tellement précieux, dans des magasins de jouets et autres grosses librairies. Le peu qu’on en avait vu nous excitait en diable et on s’inventait le reste. Il existait et était énorme ! On se disait qu’il fallait au moins être le fils du Président de la République pour avoir un tel monstre chez soi. C’était sa taille bien évidemment qui nous faisait dire ça. La taille, ça ne compte que dans les jouets...
Ce château, qui n’était finalement que deux battants creux de plastique moulé, contenant des accessoires de mauvaise qualité, nous faisait rêver mais beaucoup savaient qu’il ne resterait qu’un doux rêve inaccessible. C’était sans compter sur Pif.

Comme à chaque fois, la dernière page de l’hebdomadaire nous annonçait le gadget de la semaine suivante, histoire de nous faire plus ou moins saliver et tenter de nous fidéliser. Cette fois-là, nous fûmes sans doute nombreux à tirer une drôle de gueule devant cette annonce :

Comment ? Le Château Des Ombres ? Dans Pif ? Mais comment ? Sa taille, le journal, ça va pas ! Et à quel prix ? Ce sera un numéro spécial ? Il faudra le commander ? Où ? A qui ? Il faudra avoir sa carte du Parti ? Croyez-moi, ça a cogité sec sous la coupe au bol de pas mal d’entre nous durant 8 jours ! La semaine suivante, dans le Pif N°764 datant de novembre 1983, nous eûmes la réponse. De « vrai » Château Des Ombres, point. Mais à la place, une petite tirelire en vinyle de 15cm de haut en gros, à monter soi-même façon puzzle 3D, et reprenant le fameux château. Comble de l’horreur, elle était signée « Jouéclub » sur le drapeau. On nageait en pleine pub ! Je crois me souvenir avoir de suite coupé ce drapeau hideux au ciseau.

Et bien vous savez quoi ? Je me suis éclaté avec cette tirelire ! Non pas pour y mettre mon argent dedans, d’ailleurs, en cas de trop plein de pièces, le fond se détachait… Je l’ai simplement utilisée comme Château Des Ombres de remplacement. J’avais commencé à acheter des figurines des Maîtres De L’Univers à ce moment-là, sans doute bien manipulé par le Club et le dessin-animé. Et en attendant d’avoir le vrai, que j’eus au Noël de 1984, cette tirelire, avec beaucoup d’imagination, et je n’en ai jamais manqué, me servit d’intérimaire. Vu sa taille réduite, je la plaçais assez loin, sur une étagère ou sur un rebord d'armoire, c’était « le château là-bas »… C’était un but, un objectif. Ça donnait des prétextes à mes (rares) figurines de héros pour s’y rendre et rencontrer d’autres (rares) figurines d’ennemis en chemin et se friter avec.

De gadget de merde overdosé de pub, j’en avais fait un truc très convenable pour mes besoins ludiques persos.

Le montage en deux pages.


1 commentaire:

  1. Quelle émotion ! Tout pareil ! Je ne l'ai pas utilisé que comme tirelire et même si les MOTU c t bof pour moi, ce petit château m'a comblé !

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