Comme toutes collections étendues, celle des Marvel Legends, ô combien fournie, recèle le pire comme le meilleur. Nous avons déjà eu un aperçu de ce « pire », avec Spider-Woman, figurine anorexique et exsangue. Passons au meilleur, histoire de ne pas faire de généralité, avec Iron Man 1rst Appearance.
Beaucoup de personnes ont découvert Iron Man avec le film du même nom, sorti en 2008, et ont sans doute cru que c’était tout nouveau tout beau. Pas vraiment. En fait, Iron Man est né en 1963, ce qui ne fait pas de lui un perdreau de l’année. Loin de là. Iron Man est un pur produit de la Guerre Froide et a longuement pué le nationalisme américain. Je ne dis même pas le patriotisme, non, c’était du nationalisme. La différence ? Le patriotisme, c’est aimer son pays ; le nationalisme, c’est détester ceux des autres. Là, nous étions en plein dedans. Le maccarthysme avait beau s’estomper, il restait des réflexes bien vivaces et, malgré les mains tendues de Kennedy vers Khrouchtchev, l’URSS, et les communistes en général, n’étaient guère en odeur de sainteté au pays de Mickey à cette époque. Ils servirent leur lot d’ennemis tout chaud pour l’industrie de la BD. Le credo était : si on n’a pas pu « nuker » ces « sales cocos » en vrai, on le fera dans les comics ! Iron Man s’en donna à cœur joie. D’ailleurs, ses ennemis les plus fameux étaient la Dynamo Pourpre (un Iron Man russe) et le Mandarin (un chinois). Les références n’étaient même pas masquées, on voyait régulièrement Nikita (le méchant) ourdir des complots plus que grotesques contre les Américains (les bons). Cette mentalité binaire n’a pas tellement changé d’ailleurs…
Marvel a toujours été très servile sur la cause du nationalisme américain. A l’époque, et encore maintenant, avec Civil Wars. Il faut bien décoder les scénarios, parfois, ça fout la trouille. Un Captain America, par exemple, ce n’est rien d’autre que du fascisme à l’américaine. DC Comics n’a jamais trop versé là-dedans bizarrement, et peut-être pour la simple raison que leurs héros (Superman, Batman etc.) n’avaient aucunement besoin de prouver qu’ils étaient américains, ça se voyait de suite sur leur gueule et à leur costume (ils ont le même tailleur…) Marvel a toujours eu des complexes là-dessus, et se sentait obligé d’en rajouter une couche. Des choses à cacher ?
Comme son nom l’indique, Iron Man 1rst Appearance reprend la toute première armure de Tony Stark, conçue initialement dans un camp de prisonniers au Viêt-Nam, après avoir sauté sur une mine anti-personnelle, et lui assurant ainsi le battement de son cœur touché par des shrapnels. Le film n’a fait que téléporter toute l’histoire originale en Afghanistan, et c’est ce qu’il y a de formidable. 1963 ou 2008, l’Amérique a toujours une guerre de retard dans un coin du globe !
Le look de cette armure évoque immanquablement les années 60. C’est une boîte de conserve aux contours vaguement humains. On pense aux robots ridicules d’Assimov, à toutes la batterie de films de martiens et autres machines tueuses des années 50 marchant avec une tige dans le cul (voyez Futurama, Matt Groening a les mêmes références !) mais également aux astronautes de ces mêmes années 60. Les Aldrin, Sheppard, Glenn etc. Des types qui ont servi de devanture aux USA pendant des années, transformés en héros des temps modernes par les médias, et qui ont fasciné près de deux générations entières par leur courage et leur combinaison argentée. Ce premier Iron Man est un mélange de tout ça.
La figurine est mastoc et ne fait pas dans la finesse, respectant ainsi parfaitement les conditions rustiques de la construction de l’armure dans le Hanoï Hilton… Couleur presque en bichromie, le gris « fer blanc » de l’armure et le répulseur de poitrine jaune, qui fait penser à un phare de voiture des années 70… On appréciera les deux prises électriques américaines sur le ventre. Iron man fonctionnait-il en 110 ou 220v à l’époque ?...
Les semelles ont été revues et sont désormais un clin d’oeil évident à l’empreinte de pas de Neil Armstrong sur la lune. Le détail de l’antenne sur l’épaule droite est irrésistible. Pendant qu’il se fritait contre les Rouges, Iron Man pouvait capter la radio. Trop moderne ! Gageons que, maintenant, il peut se connecter par Wifi sur Facebook…
Parfaitement articulée, jusqu’aux doigts, vous pouvez faire ce que vous voulez de votre figurine, même les poses les plus exotiques tirées de Kâma-Sûtra ! La souplesse de l’acier quand même… A ce propos, on notera que la tête se baisse fortement, donnant à l’homme d’acier un air de pénitent. En fait, c’est pour respecter l’une des scènes de la première BD, lorsqu’il réapprend à marcher dans son armure.
Enfin, et comme pour toutes les Iron Man issus de Marvel Legends, le casque s’ouvre laissant voir le visage de Tony Stark, avec sa p’tite moustache bien taillée, ce qui est étonnant de voir un tel niveau d’entretien après avoir passé du temps en camp de prisonniers…
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